TANIA MOURAUD

2019

DUNKERQUE
AVEC LE FRAC GRAND LARGE – HAUTS-DE-FRANCE ET RUBIS TERMINAL DUNKERQUE

Tania Mouraud est née en 1942 à Paris. Dès la fin des années soixante, le travail de Tania Mouraud s’est inscrit dans une pratique questionnant les rapports de l’art et des liens sociaux en utilisant différents médium : peinture, installation, photo, son, vidéo, performance, etc. Elle propose de rajouter dans nos appartements standard une chambre de méditation (1968). Elle affiche dans l’espace public sur des panneaux  de 3 x 4 mètres son désaccord avec une société glorifiant l’avoir au dépend de l’humain (1977). Elle réfléchit sur les rapports décoratifs de l’art et de la guerre, sur les limites de la perception avec l’aide de l’écriture en créant des « mots de forme » (1989). À partir de 1998, elle utilise la photo, la vidéo et le son dans une forte relation à la peinture pour questionner différents aspects de l’histoire et du vivant.

Depuis 1989, Tania Mouraud réalise des peintures murales en expérimentant la plasticité de l’écriture à l’échelle de l’architecture. Les lettres noires et les espacements blancs, calculés au nombre d’or sont étirés jusqu’à la limite du lisible. C’est paradoxalement la monumentalité de l’écriture qui rend la lecture ardue et l’assimile à une composition abstraite.

À l’occasion de la triennale GIGANTISME – ART & INDUSTRIE, Rubis Mécénat s’est associé au Frac Grand Large – Hauts-de-France pour commander à l’artiste française Tania Mouraud trois œuvres inédites destinées à investir le site de Rubis Terminal dans le Port de Dunkerque, et une façade au cœur de la ville. Les textes de très grand format de Tania Mouraud ont été conçus pour l’échelle de l’espace public. Ici, l’artiste a envisagé une intervention mémorielle et poétique s’inscrivant dans l’histoire de Dunkerque.

Pour les deux bacs du site de Rubis Terminal, l’artiste propose une citation de La Tempête de Shakespeare, en français et en anglais :
Ses os se sont changés en corail. Perles sont devenus ses yeux.
Of his bones are coral made. Those are pearls that were his eyes.

Sur une façade du centre-ville, Tania Mouraud propose une phrase créée spécialement pour ce lieu :
Un endroit pour rêver dans chaque ville, espace éternité.

La difficulté de lecture transforme ce texte gigantesque en un décor abstrait, géométrique, qui souligne l’architecture. Le fait d’en découvrir la lecture, au fil des déplacements, renvoie le promeneur à ses propres rêves d’absolu, tout en cassant la solitude inhérente à la pratique urbaine.